Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/159

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dans ma chambre et, là, je demeurai pendant une heure complètement anéantie, n’ayant pas même la force de penser.

Madge revint rieuse, enchantée, babillant à perdre haleine sur tout ce qu’elle avait vu à Londres. Mon père était aussi content que ma sœur. Pendant tout le dîner, ce fut un bavardage continuel de leur part. Moi, je m’efforçais de sourire. On s’aperçut bien que j’avais quelque chose. James prit la parole et me sauva en disant que j’avais une migraine atroce. Il vint à moi dans le salon, et, en attendant le thé, il m’offrit de faire une promenade sur la pelouse. Il mit, à cette offre, une grâce si charmante, que Madge s’écria :

— Tu ne peux pas refuser.

J’acceptai, rouge de honte ; dès que nous fûmes dehors, je lui dis :

— Allez me chercher le flacon de ma sœur.

Il y alla et je courus du côté de la barrière pour qu’il ne me trouvât pas. J’avais si peu de forces que je ne pus ouvrir cette barrière. Il revint avec le flacon, je pris son bras.

— Ellen, appuyez-vous, ne craignez rien ; je