Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/160

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vois que vous souffrez trop ; je ne vous ferai plus de mal.

Hélas, il aurait bien pu ne pas m’en faire du tout. Je n’osais pas me servir de cet appui ; à chaque instant, j’avais un éblouissement, je chancelais. Il s’arrêta.

— C’est étrange, me dit-il à voix basse, je n’aurais jamais cru qu’une femme pût lutter ainsi ! Ellen, vous me haïssez donc bien ?…

— Mon Dieu, James, vous ne savez donc pas ce que c’est que l’honneur ? Vous ne comprenez pas l’odieuse situation que vous me faites ? vous, le mari de ma sœur !… Son mari, mon frère presque…

— Moi, je ne comprends qu’une chose, c’est que je suis en proie à une torture horrible et que je voudrais qu’elle cessât !…

— Oui, James, c’est l’égoïsme seul qui vous fait agir.

— Oh ! pourquoi as-tu voulu ce mariage ?… Ellen, pourquoi Madge s’est-elle placée entre nous deux ?…

— Taisez-vous, rentrons…

— Déjà !… Non. Demain, tu dois partir ; je