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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/162

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Il prit ma main, l’arracha de dessus mon sein, la posa sur ses lèvres.

— Si tu veux la laisser là, je te jure de ne plus rien dire.

Je voulus la retirer, il prit l’autre et m’attira à lui.

— Ellen, un peu d’amour, si peu que tu voudras… dis-moi seulement que tu ne me hais pas autant !

— Toujours ! dis-je en détournant la tête avec horreur, je vous méprise, et, si j’en avais la force, voyez-vous, j’appellerais Madge.

Je sentais que je m’en allais complètement… Cependant, il ne fallait pas s’évanouir, sous peine de faiblesse morale. Je devais rester ce que j’avais été jusqu’à ce jour ; forte contre la souffrance même ! Cette souffrance, elle me tordait le cœur !…

Il m’entoura de ses deux bras.

— Je crois, dit-il, que si tu me disais, maintenant, que tu m’aimes, tu me tuerais !

— Si je croyais vous tuer ainsi, James, je vous méprise assez pour vous laisser vivre !

— Comme tu parles bas ! C’est à peine si je puis t’entendre… Vois, pour t’entendre, Ellen,