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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/163

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il faut que je rapproche mon visage du tien.

Nos deux fronts se touchèrent. Je voyais ses dents éclater dans les ténèbres qui m’entouraient, comme un rayon livide.

Le rayon disparut et ses lèvres vinrent s’appuyer, brûlantes, sur chacun de mes traits. Je sentais un flot de sang me monter à la gorge ; je ne pouvais crier.

— Si tu veux, Ellen, demain, tu ne partiras pas seule…

— Ayez pitié de moi, James, je vous en conjure, ayez pitié de moi !…

— As-tu pitié de celui qui t’aime ?… Lui dis-tu une parole de tendresse ?… rien qu’une ; c’est si peu, pour toute une passion comme la mienne !

Il mit sa main derrière moi et m’ôta mon peigne d’écaille ; mes cheveux, que j’avais grand’peine à maintenir en ordre et à cacher, se détendirent. Ils tombèrent sur lui, se déroulèrent jusqu’au sol. Il laissa mon visage pour les couvrir de baisers.

— Figure-toi, Ellen, que depuis deux mois, j’avais envie de voir cela. Tu te dissimules tellement, tu me dérobes si bien toutes tes beau-