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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/185

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obligée de m’enfuir quand le père rentrait. Il m’arrivait très fréquemment de ne l’abandonner que les larmes aux yeux. Il était si gentil, et cette affection faisait tant de bien à mon cœur !…

En me levant, je courais chez la nourrice ; je procédais moi-même à la toilette du petit Henry. Quelle joie ! quand je le plaçais dans sa petite baignoire, que je le voyais se secouer en sortant, tout rose, comme un chérubin couvert de perles…

La nourrice prétendait que j’étais réellement mieux sa mère que Madge, qui n’assistait pas à ces jolies scènes ; elle dormait toujours pendant que je levais le baby. J’excusais Madge le plus possible devant son mari. James faisait des allusions qui me causaient beaucoup de peine. Il prétendait que sa femme n’aurait jamais le sentiment maternel. Hélas ! c’était un peu vrai ; ma sœur aimait uniquement un être : son époux ! Elle ne savait pas qu’en se montrant moins démonstrative pour lui et plus aimante pour son enfant, elle aurait obtenu, peut être, dans un temps prochain, l’amour de tous les deux. Lui dire une seule pa-