Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/186

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role à ce sujet eût été imprudent ; je ne pouvais, dans ma situation, lui adresser un reproche : j’en aurais eu des remords. Ensuite, elle avait souffert pendant que j’étais à Londres ; je craignais de renouveler ses souffrances. Elle me racontait combien James avait été dur pour elle ; elle me bénissait d’être revenue.

Fallait-il détruire la confiance qu’elle avait en moi, en me liguant avec son mari ? C’était bien assez des remontrances qu’il ne craignait pas de lui faire sévèrement…

Madge, cependant, s’intéressait au baby ; elle le couvrait de caresses quand je le lui portais. Mais elle était nerveuse, irritable, depuis qu’elle s’était aperçue du changement de son mari. Je la voyais cesser de s’occuper de l’enfant tout à coup, et elle me le rendait en me disant :

— Sais-tu où est James ? Pourquoi n’est-il pas là, avec son fils ?

S’il était là, elle oubliait l’enfant pour ne s’intéresser qu’au père. Je songeais, en tremblant, à l’épouvantable désespoir de ma sœur, si elle apprenait, un jour, la fatale passion de son époux. À l’époque de son mariage, elle n’y