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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/19

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charmante. Elle était petite, admirablement proportionnée ; ses cheveux roux encadraient bien son visage pâle et faisaient ressortir ses yeux gris, très brillants. Sa démarche était gracieuse, ses mouvements vifs, sans être brusques. Elle aimait beaucoup la toilette ; son instinct la portait toujours aux choses de luxe. Elle ne savait pas se priver ; pour se procurer le luxe, elle n’eut rien entrepris qui fût difficile.

Elle laissait agir les autres et s’emparait du résultat, mais, je dois l’ajouter, avec beaucoup de reconnaissance. Elle ignorait complètement ce que c’était que le devoir. Il est vrai qu’elle savait bien que le devoir était mon partage. Aussi me disait-elle souvent : « Tu es si sage, qu’il faut bien que je fasse contraste avec toi ; sans cela, notre vie serait insipide. »

En somme, la balance était très mal équilibrée : c’était continuellement sur mon plateau que tombaient tous les poids. Elle apprenait vite ce que je lui enseignais, elle l’oubliait aussi vite ; elle se passionnait à propos des sciences élevées et négligeait celles qui se