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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/20

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trouvaient à la portée de son intelligence. Elle voulait connaître et non savoir. Elle aurait bien dessiné, mais la patience lui manquait ; elle aurait été musicienne, mais la musique l’énervait. Si elle m’eût aimée profondément, elle eût travaillé pour moi. Notre père la gâtait ; elle le tyrannisait et n’aurait rien fait pour lui.

C’était un cœur vide qui ne cherchait pour se remplir que des idées chimériques ou la satisfaction de ses caprices. Les affections naturelles, pour ces êtres-là, n’existent point. Ils ont une dépravation innée qui leur fait désirer, à leur place, des affections d’un tout autre ordre. Un mari ne pouvait la changer, c’eût été une affection naturelle. L’amour, sans émotions, n’est plus de l’amour, m’aurait-elle avoué, si je l’avais questionnée sur ce chapitre.

Jamais je ne parlais de mariage devant Madge ; je voulais trouver l’époux avant elle, — je me méfiais de son choix — et cependant, ne pas le lui imposer, le lui présenter. J’avais trop souffert de cette façon de se marier le couteau sur la gorge, pour ainsi dire, et avec