Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/203

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docteur, assez mesquine, étouffa un peu mes scrupules, mais, hélas ! cette honteuse passion qu’il me fallait subir encore, attirait, insensiblement, ma conscience dans des compromis, dans une foule de pièges où j’eusse rougi de me laisser tomber autrefois.

Il est vrai que je pouvais me marier sans attendre. Seulement, appartenir à ce docteur Hortwer ne me souriait pas le moins du monde et je reculais toujours en présence d’un pareil avenir.

James ne me parla plus de cette singulière union du docteur avec la cave de Peddry. Il se montra extrêmement réservé vis-à-vis de moi. Je lui savais presque gré de cette réserve, car je voyais les efforts qu’il faisait pour résister à la plus simple des tentations.

Cet homme avait bien changé depuis mon départ. D’abord, son fils l’avait calmé en lui prenant une partie de son attention, et ma conduite, toujours la même, toujours aussi froide, le forçait à reconnaître la vertu et à la respecter. L’ouvrier grossier et sans mœurs s’était poli au contact des gens qui l’entouraient. Sa femme, elle aussi, bien qu’elle ne