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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/205

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cottage, puis en ressortit, ses salutations faites, pour venir me rejoindre. Avant de lier conversation avec moi, il procéda à sa toilette de prétendu, c’est-à-dire qu’il donna un coup de main au nœud de sa cravate, passa les doigts dans les fils gris-perle de sa perruque et ôta rapidement ses lunettes. Je ne parvenais pas à comprendre pourquoi il faisait tous ces préparatifs en ma présence, quand il eut été si simple de les faire hors des murs de Peddry. Il voulait probablement bien me faire savoir que j’étais seule capable de l’engager à dissimuler sa maturité.

— Mistress, dit-il en portant furtivement à ses lèvres la main qui restait libre sous la robe du baby, chère mistress, vous voilà encore à vos devoirs de jeune mère. Ah ! combien je vous admire !… Est-il une femme aussi jeune, aussi belle que vous, qui renonce ainsi à tous ses charmes pour se consacrer au rôle de nourrice.

— Mais, cher docteur, dis-je en plaisantant, je vous assure que je ne renonce pas à mes charmes, si j’en ai. Je suis forcée de les garder même en ayant mon Henry sur les bras !