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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/207

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changer de robe mon petit neveu ; j’avais une grande peau de mouton à mes pieds et quand il n’avait que sa chemise, je m’amusais à le laisser rouler dessus. Il essayait de grands mouvements ; il agitait les bras, il remuait ses jambes, ou il prenait à poignée des touffes de laine. Ses lèvres roses se crispaient déjà comme dans un sourire. Il ouvrait, tout grands, ses yeux et les fixait sur moi, étonnés. Ou bien, il restait étendu, très sage, ayant l’air de me regarder attentivement. J’avais de longues conversations avec lui, bien plus amusantes qu’avec le docteur Hortwer.

Je venais de lui ôter ses brassières ; je l’avais mis sur la peau de mouton, le dos appuyé par un coussin. Le soleil entrait à flots dans ma chambre. Henry se tenait immobile, sérieux, comme le sont parfois les petits garçons, les yeux fixés sur une grosse mouche, qui courait au bout de son pied mignon et blanc. Voyait-il cette mouche ? C’était la question que je me posais depuis un moment.

J’avais sur le dossier de mon fauteuil une longue robe de piqué toute garnie de broderies. Mon aiguille avait couru longtemps dans