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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/221

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— Je vous consacrerai tous mes soins, Ellen ; je tâcherai de vous rendre votre santé, qui est sérieusement atteinte. Vous aurez, chez moi, un repos complet.

Je remerciai du regard ; Hortwer se retira. Mon père causa encore avec moi du singulier parti que je venais de prendre ; puis, il me laissa à mes réflexions. Personne n’avait rien su de ce qui s’était passé entre mon beau-frère et moi ; personne ne saurait quelle était la raison qui me forçait à enchaîner, de nouveau, mon existence à un être que je n’aimais pas. L’odieux stratagème de James avait réussi : la honte d’un scandale de famille m’était épargnée.

Il m’est impossible de décrire l’état de mon âme au moment où le docteur, quittant ma chambre, ainsi que mon père, je me trouvai seule avec mes sombres pensées. Je me tordais sur mon lit en sanglotant… c’était le désespoir jusqu’à la fin de mes jours, et ce n’était même pas l’honneur sauvegardé, car il avait promis de me poursuivre, même quand j’aurais à défendre l’honneur d’un autre !

Madge vint dîner auprès de mon lit ; je ne