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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/231

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— Oui, James, la voilà, dit ma sœur d’une voix claire, regarde-la bien !

Elle était entrée sans aucune agitation ; elle paraissait calme. Elle se dirigea du côté de la cheminée, elle alluma tranquillement les bougies de mes candélabres.

— Il faut, dit-elle, que tu puisses me reconnaître !

Le portrait de ma sœur, cette nuit-là, s’est gravé d’une manière ineffaçable dans mon cœur. Elle était vêtue d’une longue robe de mousseline transparente, serrée à la taille par une écharpe de soie bleue. Ses cheveux flottaient sur ses épaules ; ils étaient débouclés et tombaient très bas. Son visage était d’une blancheur de marbre ; ses lèvres avaient perdu leur incarnat ; une teinte de bistre entourait et agrandissait ses yeux ! Elle s’approcha de James. Il demeura impassible pendant que je m’appuyais, chancelante, au dossier d’un fauteuil. Elle lui posa les mains sur l’épaule :

— James, dit-elle doucement, je veux que tu me redises ce que tu lui as dit, ce matin. James, m’écoutes-tu ?