Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vieux contremaître qui dirigeait l’usine ne savait pas même ce qu’il était devenu. Je m’occupais très peu des affaires de Peddry. Heureusement que ceux qui me remplaçaient étaient honnêtes et veillaient, à ma place, à la prospérité de la maison. J’avais renvoyé tous les domestiques, à l’exception de ma femme de chambre, Juliette, qui m’avait suppliée de la garder. Une partie des appartements du cottage étaient fermés et le sont encore. Je vivais presque toujours assise près de la fenêtre du salon, regardant, sur la route, les yeux fixés continuellement à la même place, attendant quelqu’un qui ne venait pas. Si je n’avais pas eu l’enfant, comme je serais partie, comme j’aurais pris la fuite pour aller m’enterrer dans le coin le plus obscur de l’Angleterre, pour chercher au moins la paix avant de m’en aller tout à fait !

Hélas ! il fallait demeurer au milieu des amers souvenirs qui m’entouraient. Il fallait que j’expie, moi, les crimes des autres.

Par une belle journée d’automne, j’étais encore accoudée à cette fenêtre, Henry tendait ses petites mains aux branches fleuries des