Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/241

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plantes qui grimpaient autour de la barre d’appui de la croisée. Il s’accrochait à ma robe pour monter plus haut et voir aussi sur la route. Depuis une heure, il me disait :

— Porte-moi ! je veux que tu me portes !

L’enfant me rappelait, parfois, dans ses phrases naïves, l’accent dur et impérieux de son père. S’il me ressemblait au physique, il était bien son portrait au moral. Il était déjà volontaire, passionné, trépignant au moindre refus ; si je le châtiais, il ne se soumettait point pour cela ; seulement, il se faisait câlin, et, à force de caresses, il obtenait par lassitude ce qu’il ne pouvait obtenir par force. Ce qui me désolait surtout, c’était la tendresse emportée, tyrannique, qu’il avait pour moi.

Si un ouvrier ou Juliette voulait l’attirer ou le prendre, c’étaient des scènes épouvantables. Il se serait roulé à terre plutôt que de se laisser toucher par eux.

L’enfant finit par obtenir ce qu’il voulait. Je le pris dans mes bras et je le vis s’asseoir sur la balustrade. Il s’empara de toutes les fleurs qui étaient à sa portée, les ferma dans ses doigts crispés et les jeta à terre.