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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/243

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tête avec des gémissements doux, pleins de contentement. Il tirait sa langue rouge et léchait son museau noir en frémissant de bonheur. Il avait reconnu le maître !… James s’arrêta, de nouveau, en face de la fenêtre, il se découvrit ; je vis ses lèvres murmurer, mais je ne compris point ce qu’il disait.

James avait alors vingt-cinq ans ; il était dans toute la force de sa jeunesse ; son visage était dans tout l’éclat de sa mâle beauté. Son costume était sombre et simple, ses bottes couvertes de poussière. Il devait être venu à pied de Londres. Son regard avait conservé sa pénétrante ardeur, mais sa lèvre superbe n’avait plus son sourire ironique et cruel. Il avait le teint hâlé ; ses cheveux, rejetés sans soin en arrière, s’harmonisaient mieux avec ce teint-là qu’avec son ancienne pâleur de femme. Il resta immobile devant nous, pendant une ou deux minutes ; mais il ne regardait pas son fils !… Puis, il prit le chemin de l’usine, passa près du perron sans s’arrêter, poussa la barrière verte et disparut.

— Qui c’est, celui-là ? fit le baby, éveillé