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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/256

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malheureux cœur, mon cœur lâche de femme qui a peur de mourir abandonnée ; ce cœur se fondit comme un flocon de neige se fond au rayon d’une aurore de printemps. De tout ce que James avait dit, je ne retins que ces mots : Je n’aime plus. Étaient-ils pour son fils, ces mots-là ?… non, ils étaient pour moi !… Pour moi, la haine, pour moi, la vertu !

James se rapprocha de ma chaise longue ; il poussait du pied, un tabouret, par contenance.

— Lisez, mistress, il le faut, je ne veux pas que vous m’accusiez un jour d’avoir négligé vos intérêts. Vous verrez que je suis un régisseur fidèle, et, en humble serviteur, je me mets à vos ordres jusqu’à demain matin… Ne nous fâchons pas. Gardez vos grands airs. Est-ce que je vous insulte ?

— Oh ! que je souffre ! — criai-je, ne sachant pas ce que je disais.

Le papier glissa sur ma robe. Il le ramassa et le posa sur le coin de la cheminée.

— Mistress, je vous demande pardon. Si j’avais su que vous fussiez vraiment malade… je ne serais pas monté.