Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/255

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crasseux, avec un flegme inouï. Ses doigts ne tremblaient point. Sa mine restait froide. Moi, j’étouffais.

— Je vous fatigue, mistress ? reprit-il d’un ton sourd ; excusez-moi, je m’en vais.

Il fit un pas de retraite. Je me dressai dans un effort suprême, essayant de rester comme lui, très digne, sans un retour vers le passé.

— Pourquoi, balbutiai-je, ne pas attendre qu’Henry soit plus raisonnable ? N’est-il plus votre enfant, mon Dieu ? Vous l’aimiez autrefois… Certes, j’aurais mon dernier bonheur ici bas en le regardant, mais je vous dois votre fils ! Il est si beau ! Pouvez-vous donc vous séparer de lui ?…

Il ne répondit pas, sa tête tomba sur sa poitrine.

— Vous l’aimiez autrefois !… répétai-je avec une sorte de vertige… vous l’aimiez !…

— J’ai tant aimé que je n’aime plus, mistress !

Il eut un ricanement et haussa les épaules. Que venait-on lui parler d’amour, à présent ?

Alors, un déchirement s’opéra dans mon