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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/273

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à éclater d’un tel bonheur que nous en fûmes bientôt complètement fous.

Elle nous confia qu’elle s’appelait Cicie, et elle se tordait dans sa jupe trop longue, et son corps souple voltigeait comme les flammes du fagot flambant dans la cheminée.

Ma nourrice alla chercher une couverture ; nous restâmes seuls. Cicie, épuisée par ses bonds, s’en vint tomber sur ses genoux ; elle m’entoura de ses bras minces et, posant son front sur mon épaule :

« Personne ne m’a donné une robe rouge… personne ! Je vous aime de tout mon cœur !… Voulez-vous aimer la pauvre Cicie autant qu’elle vous aimera ? Mon singe est mort… Je n’ai plus d’ami… »

Je dis avec passion :

— Oh ! oui… je t’aimerai, Cicie… mais je ne veux pas remplacer ton singe !

Elle me sourit, toute candide.

— Mon singe était laid, tu es gentil ! Je ferai une différence !

Je crois que nous nous embrassâmes. Chère créature ! elle paraissait folle. Le froid, la