Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Eh bien ? dis-je en palpitant.

— Cicie était une petite voleuse, répliqua durement ma nourrice pendant que mon vieux précepteur grognait en latin. Oui, une petite voleuse ; elle s’est sauvée en emportant la robe de ta grand’mère. Je lui avais dit qu’elle ne la garderait pas. Elle a trouvé plus simple de l’emporter.

Je restai muet. Fondue, la fille de neige ! Fondue comme un léger flocon !

À partir de ce jour, je fus un garçon taciturne. Je sus respecter mes pantalons.

On ne me parlait pas de la petite mendiante : on ne se doutait pas que j’y pensais sans cesse.

D’ailleurs… à quoi bon ?… Mon cœur, ouvert par elle, s’était refermé sur l’apparition féerique. J’avais la conviction de ne pas avoir rêvé.

Cicie, reconnaissante, m’avait donné son dernier adieu avant de s’aller fondre dans la tourmente neigeuse… J’attendais vaguement que l’amour me la reposât sur les genoux, tout endormie, toute frileuse et toute dorée par les flammes de notre mutuelle passion d’enfants.