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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/275

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— Tais-toi, Mie Cathe, elle ne me quittera plus. Je lui donnerai la chambre de ma mère… nous la nourrirons des meilleures choses… elle portera cette robe… elle dansera… nous ferons toutes ses volontés… et, pourvu qu’elle ne fonde pas…

Je passai la jolie dormeuse à ma nourrice et je fis un saut de joie haut comme la cheminée.

Mie Cathe, après avoir couché Cicie, me fit boire une infusion de tilleul.

— Tu es bien malade, grommela-t-elle, et demain tu te battras avec elle… pour déchirer encore ta culotte neuve !…

J’allai me coucher, plein de fièvre, par là-dessus.

J’eus, cette nuit-là, un songe bizarre. Je crus voir, dans la pénombre de mes rideaux, se pencher une femme rouge, deux petits bras entourèrent mon buste, deux lèvres fraîches touchèrent mon front, je sentis des larmes mouiller mes joues, puis… tout s’effaça dans un tourbillon de neige. Je me réveillai dès l’aube, et je courus à la cuisine. Mie Cathe préparait mon déjeuner.