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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/28

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Tout son argent se dépensait en sottises, il ne sortait des maisons de jeux que pour entrer dans les tavernes, et des tavernes que pour passer à d’autres maisons plus suspectes. Il est vrai qu’il n’avait pas de famille, et que, les jours de travail, il travaillait bien. Edgard avait été quelquefois sur le point de le renvoyer, mais James était aimé des ouvriers, peu soucieux de la moralité. Quand il parlait, sa parole brève et dure se faisait toujours obéir. À lui seul, il les maintenait, quand ils avaient envie de partir. Pourquoi ces hommes, qui ne souffrent pas ordinairement l’insolence de ceux qui ont été leurs pareils, l’aimaient-ils ainsi ? Voilà ce qu’il serait difficile d’expliquer. Je crois qu’étant vicieux lui-même, James savait flatter leurs vices ou fermer les yeux à propos. Les gens n’aiment le bon exemple que lorsqu’ils sont déjà vertueux. Ensuite, je le compris plus tard, le vice a parfois de mystérieuses attractions.

En s’adressant à Madge, James avait gardé son chapeau sur la tête ; il l’ôta, devant moi, sans cesser de regarder ma sœur. Il avait l’œil petit, taillé en biseau, le regard fixe, ni im-