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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/29

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pertinent, ni humble, mais fort pénétrant ; son teint ne devait avoir aucune animation sous le duvet de suie qui le recouvrait. Son nez avait quelque chose des naseaux ; les cheveux étaient très longs, toujours mal peignés ; la bouche, par exemple, était remarquable, un peu épaisse, mais admirablement dessinée : le contour se relevait au coin et la fossette était très accusée au-dessous. La même suie, qui couvrait l’épiderme, empêchait de reconnaître la nuance des cheveux ; ils devaient être plutôt blonds que bruns, plutôt fauves que blonds : c’était le visage d’un roux, visage à la fois pâle et ardent comme celui de ma sœur. Sa taille ne dépassait pas la moyenne ; il n’était pas mince, et avait les mains larges et nerveuses. On voyait une certaine recherche dans sa toilette. La cravate de soie n’était pas commune, le linge était fin. Je le voyais toujours en noir ou en marron. Ses sourcils, bien marqués, se froncèrent au moment où je fis de sa personne une étude involontaire, et ils donnaient à son regard une expression menaçante qu’en réalité il n’avait pas. C’était, plutôt, curieusement qu’il examinait ma sœur. Celle-ci s’en aperçut et vint me