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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/42

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laissant là mes médicaments. Je serrai autour de mon cou la dentelle de ma robe. Tous ceux qui m’approchaient n’allaient-ils pas voir les traces de cette épouvantable caresse ?…

Mon Dieu, mon Dieu ! mon époux qui m’aimait ne me baisait jamais que sur la tempe ! Si un étang se fut présenté, je me serais jetée à l’eau pour m’y laver toute entière !… que je souffrais !…

Je souffris bien plus encore lorsque Madge accourut vers moi.

— Eh bien ! me dit-elle.

— Je balbutiai :

— James !… le misérable !… il a le bras… le malheureux !… très, très brûlé !

— Mais, c’était donc bien terrible, cette brûlure ? Tu es livide… tu trembles ?… Qu’as-tu donc ?

Il ne fallait pas que cette pure enfant apprit des choses pareilles.

Je repris courage, je lui donnai rapidement toutes les explications qu’elle me demanda et je courus m’enfermer dans ma chambre. Je changeai de toilette, j’inondai ma poitrine des essences les plus fortes, comme si un baiser