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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/55

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putes avec ma sœur, et le docteur était très satisfait : il y aurait eu égoïsme à lui refuser d’aussi innocentes distractions.

Trois jours après l’accident arrivé à la fonderie, James était sur pied ; son bras gauche en écharpe, la mine encore souffrante, il vint me remercier des bons soins que j’avais eus pour lui. J’étais alors dans le bureau, lorsqu’il me fit demander ; je l’y reçus aussi froidement que possible.

— Vous êtes guéri, James ?

— Oui, mistress, merci de ce que vous avez fait pour moi.

— Il ne vaut pas la peine de m’en remercier.

J’osai le regarder en face ; je surpris, sur ses lèvres, un sourire qui me fit trembler. Son œil pénétrant me troublait beaucoup. Il posa sur une chaise les compresses que je lui avais mises ; tout y était, jusqu’au bout de fil… je voulus les prendre… Il me saisit la main et la serra avec précaution. Je dis précaution, car ses doigts nerveux, habitués à toucher du fer, auraient bien pu la briser entièrement ; puis il dit encore : « Merci ! » et s’en alla.