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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/59

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sœur, ce que j’avais dit à James la dernière fois. Madge, au lieu de me soutenir, prit la chose à la légère ; elle vit la contrariété de son cousin qui hésitait à renvoyer le contremaître ; non seulement, elle l’engagea au pardon, mais elle fit valoir les qualités de celui qu’elle avait été sur le point de renvoyer elle-même. J’eus beau me récrier, représenter l’inconvenance de la situation qui m’était faite ; rien n’y fit. Mon mari, comme tous les êtres de tempérament mal équilibré, se sentait un appui physique dans son premier ouvrier. Il fut convenu que l’affaire n’aurait pas de suites. Quand je demandai à Madge pourquoi elle avait agi contre ses sentiments, elle me dit d’un ton sec :

— C’est bien assez d’être à charge à mon beau-frère, sans aller lui désorganiser son usine et lui enlever ses gens.

Le scandale intime devait être évité à tout prix. Je me tus donc, quitte à trouver un autre prétexte. La pauvre Ellen devait garder ses insultes pour elle. Le lendemain de notre discussion avec Madge, j’entendis le docteur Hortwer, mon mari, mon père, ma sœur, faire