Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/64

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pirai longuement ; j’ôtai mon peigne d’écaille ; mes tresses tombèrent sur le dossier de mon fauteuil et entraînèrent ma tête de leur poids. Je me vis encore dans le carreau de vitre, je me fis cette réflexion : « Comme la gouvernante de Peddry et de ses forges tient peu de place sur ce fauteuil ! Ne faudrait-il pas, sur les deux bras couverts de velours qui m’étreignent, deux petits anges roses et joufflus !… » Je poussai un soupir ; j’aurais tant aimé un enfant ! Cette joie m’était donc refusée ?… Enfin, j’avais assez d’occupations, Dieu merci !… Madge dormait-elle, en ce moment ? Et, en me disant cela, je m’endormis aussi… J’eus un rêve stupide. Il me sembla voir James, le contremaître, s’amuser à passer autour de la taille de Madge, une grosse chaîne de fer qu’il venait de river par un bout à l’enclume de l’usine…

Combien de temps je dormis ?… je ne m’en souviens plus. Une sensation de brûlure sur le cou me réveilla en sursaut : je poussai un cri perçant, puis je me mis à rire. C’était ma sœur qui m’éveillait en m’embrassant à cette place.

Madge avait une jupe de mousseline pleine