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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/74

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V

Il était nuit : un vent âpre soufflait et rabattait sur le cottage la fumée du haut-fourneau. Les arbres, dans la campagne, s’étaient dépouillés de leurs feuilles ; tous ces squelettes agitaient leurs membres décharnés sous les tourbillons de grésil qui cliquetait aux croisées avec un bruit sinistre. Parfois, la lune apparaissait toute sanglante dans les nuages sombres qui cachaient le ciel.

Mon mari s’était assoupi. Un bon feu brûlait dans sa chambre, les rideaux étaient bien tirés, il y faisait chaud. Je sortis de cette chambre doucement pour ne pas l’éveiller et