Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/80

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Madge poussa un cri étouffé et tomba inerte sur le tapis.

Alors, je saisis ma sœur dans mes bras ; je la jetai sur son lit sans la regarder, sans songer un instant à l’acte insensé que j’allais commettre. Je traversai ma chambre, je descendis l’escalier, j’ouvris la porte d’entrée, je franchis le perron et je courus à la maison de James, comme emportée par des tourbillons furieux du vent qui faisait fouetter mes tresses dénouées sur ma robe ! Je frappai du front, je crois, pour qu’on vînt m’ouvrir ; puis, voyant que rien ne remuait, j’ouvris, et me jetai dans la chambre. James y était : il fumait, calme et pensif, devant sa fenêtre, regardant les flots noirs que vomissait le haut-fourneau.

J’allai à lui ; je lui saisis le bras, je l’entraînai dehors. Est-ce que je voulais, moi, rester dans cette chambre ?…

Dehors, sous le grand sapin qui était près de sa maison, à la lueur des flammes de l’usine, je criai mon désespoir… je l’appelai « misérable ! » et, serrant son bras de toutes mes forces, je lui dis :

— Si vous ne me dites pas le reste à l’ins-