Aller au contenu

Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Non, j’irai n’importe où, je ne sais, mais il me faudra sortir de cette maison, car ma faute est trop grande pour que vous me la pardonniez.

Elle rentra dans sa chambre et s’y enferma.

Le vent continuait de faire rage autour de Peddry ; les volets battaient les murs ; la fumée noire tourbillonnait dans la nuit noire ; sur la terre, de temps en temps, une flamme déchirait les ténèbres ; en haut, dans le ciel, la lune paraissait, lueur livide, et moi, accoudée sur l’appui de ma fenêtre, les tempes brûlantes, les joues sillonnées de larmes, je me demandais si on m’avait plongée, toute vivante, en enfer.

J’étais encore à la même place, quand Juliette entra dans ma chambre. Cette fille tut effrayée de ma pâleur.

— Ah ! mistress, vous êtes malade ? Je disais bien que vos veilles vous fatigueraient !

— Non, Juliette, répondis-je en tâchant d’affermir ma voix, ce n’est pas moi qui suis malade, c’est ma sœur. Elle a eu, cette nuit, un accès de fièvre ; je crois qu’elle dort à présent. N’allez pas chez elle ; il faut la laisser reposer.