Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/95

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prenant cette malheureuse enfant que j’aime plus que tout au monde ?

Il se tut un instant.

— Vous l’aimez plus que votre mari ? dit-il d’un accent contenu.

— Oh ! m’écriai-je en éclatant en pleurs, je crois que ma sœur a été mon seul amour sur terre !

Cet homme devait être content. Il me voyait pleurer ! Je m’étais cachée le visage ; il écarta mes doigts, me prit les deux poignets et me força à me lever.

— Voyons, dit-il, comment voulez-vous que j’épouse Madge. Je n’ai pas d’amour pour elle ! Et puis, vous l’avez élevée dans le luxe, vivra-t-elle du produit de mon travail. Il lui faut un cheval, une voiture, de belles toilettes, une société élégante ; il est possible qu’elle m’aime, mais cette affection ne durera pas chez elle. Elle reconnaîtra bien vite à quel être elle a affaire. Je suis d’un naturel violent et brutal ; huit jours après notre mariage, nous ne pourrons plus nous voir ! Vous vous trompez, mistress, en croyant que j’ai voulu sa fortune. Quant à une vengeance… je ne fais