Aller au contenu

Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’architecte se tortillant la barbe, mais vous n’imaginez pas ce que Julia est dépensière. Elle aime la toilette. C’est tantôt une dentelle, tantôt un bijou, tantôt un meuble, et nous vivons difficilement malgré nos airs à l’aise. Ainsi, elle a la rage des diamants, maintenant, des vrais. Aujourd’hui on ne va guère acheter des diamants à sa femme avec douze mille francs de rente, sans espérance. Alors, voyez-vous, un enfant, une nourrice, d’autres fanfreluches pour le berceau… Non, mon cher, je ne peux pas.

Et il secoue la cendre de sa cigarette d’un doigt décisif.

— Dites donc ? j’ai aperçu, ces temps-ci, un croissant dans ses cheveux : des perles et des roses, au bas mot cinq cents francs. Mon petit Noisey, vous vous laissez attendrir ?

Je le dévisage, très tranquillement.

Je connais l’histoire du croissant, puisque c’est moi qui l’ai offert.

Il se tourne avec un bon geste paternel.

— Pauvre petite folle ! Un Lère-Cathelain. Elle a payé cela cinquante francs devant moi.

Je recule ma chaise. Comment, il a vu… Ah ! ça, c’est lui qui se paye ma tête depuis