Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/142

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Elle m’arrache la photographie et la remet sur la cheminée.

Son mouvement a été si violent qu’elle m’a griffé.

Et elle a une poigne, la sinistre demoiselle.

— Reine chérie, je n’ai pas du tout envie de me fâcher, parce que je constate que vous pouvez avoir un cœur.

Je ris un peu difficilement.

— J’ai pas de cœur. J’ai pas le temps, tu sais… Toi, tu es riche, tu n’as rien à faire ! mon bonhomme.

— Rien à faire ? J’ai à brûler ici tout l’encens que je ne peux pas brûler ailleurs… car elles ne m’ont pas fait peur, mes idoles, jusqu’à présent. Tu appelles cela ne rien faire, se sentir vivre ? Ether, morphine, haschisch, opium ou poison plus mortel, il faut que tu deviennes mon excentricité. J’en ai tellement assez de leur petit centre ! Je suis trop bien portant pour admettre les poisons lents en question ; je veux goûter à tes yeux parce qu’ils iront plus vite, comme deux morts qu’ils sont ! Il faut que je souffre, moi, pour être heureux. Et si je n’aime pas mon idole, je