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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/143

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n’en n’aurai jamais peur… tu comprends. Reine… regarde-moi. Tu es sourde et je ne veux pas non plus que tu m’entendes… Il demeure convenu que je plaisante. Reine… Je t’adore.

Elle est devant la croisée rouge, les bras tombés, la tête si blanche qu’elle a la réverbération d’un astre.

Ses yeux font deux trous noirs au rideau. On dirait qu’ils percent la tête de part en part et que derrière, il y a le vide.

Ses yeux communiquent avec le néant.

Sa bouche est toujours dure, méprisante.

Elle a peut-être la crainte superstitieuse de l’amour.

L’amour est, pour elle, le dernier blasphème.

— Vous avez du toupet, oui, un fier toupet pour votre âge !

— Je suis très vieux, Reine, et il faut le piment des lointains mystères d’Égypte pour me rappeler ma jeunesse et ma force. Les filles qui boivent le sang des têtes coupées sur leur bouche ou celles qui jouent entre les pattes des tigres.