Aller au contenu

Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

A-t-on jamais songé à lui faire voir le ciel sans le lui faire payer de tout le paradis de son corps ?

Elle réfléchit une minute, le doigt sur sa bouche, l’œil très sombre.

— Sans blaguer, hein ! Ça gâterait tout Oui, là, je veux bien.

Nous sommes partis.

Dans le compartiment du train qui nous emporte, nous sommes seuls et elle risque cette singulière réflexion :

— Pourquoi qu’ils sont gris maintenant les wagons ?

Elle est assise en face de moi, vêtue d’un petit costume en laine noire. Son chapeau est en paille noire avec une aile noire et une voilette d’une nuance ambrée lui faisant le teint plus pâle et des yeux plus doux.

Malgré cette toilette simple, j’ai vu un homme, un rouleur de bagages, s’arrêter un instant comme flairant l’odeur de ses jupes !

— Reine, quel est ton pays ?

— Je crois que c’est l’Auvergne, mais je ne suis pas bien sûre. Je suis venue à Paris quand j’avais seize ans avec une… (Elle esquisse le mot d’un geste)… de Clermont.