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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/179

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Quelle admirable précision de langage !

Aucune femme n’a si bien dit en un pareil moment.

— Reine as-tu pleuré quelquefois ?

— Je pleure jamais, pas la peine. Voyons… Viens-tu ?

— Embrasse-moi, dis ?

— Je sais pas embrasser. J’ai horreur de ça. C’est inutile.

— Tu n’embrasses pas tes amants… ou ton amant ?

— Ah bien ! Il vous en a une santé, lui ! (Elle éclate.) On ne perd pas son temps à ces bêtises… C’est bon pour les vieux.

— Reine, pour les vieux ? Qu’est-ce que tu racontes ?

— Mais oui… quand on est jeune, on est toujours plus pressé, et ce n’est pas pour traîner la chose dans ces bagatelles. Viens-tu ou je te lâche… à la fin !

Je tiens les poignets de Reine, mais je sens que c’est elle qui me lâchera si elle veut.

J’attire doucement son corps souple et elle rejette la tête en arrière comme quelqu’un qui a peur des soufflets.

Elle n’aime pas ça. C’est avouer qu’elle