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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/181

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ches. Toute la suave odeur de l’amour monte de la terre parce que des bêtes inconnues, sous nos pieds qui les écrasent, sont accouplées.

Nous entrons. Il y a des tonnelles et on nous fait traverser un jardin…

Reine s’assied, ôte son chapeau, rectifie les lignes de son bandeau impérial.

— Que voulez-vous manger ?

— Je m’en fiche.

— Et boire ?

— Du cognac.

Aïe !… Soit. Ce sera peut-être plus drôle.

J’avais raison de penser que ce serait drôle de voir dîner la reine d’Égypte. Elle ne touche pas au pain, ni à l’eau, ni aux légumes. Elle mange avec une rapidité singulière, des gestes prompts et narquois d’animal qui se moque de vous. J’ignore ce qu’on nous sert, elle a l’air de fort peu s’en soucier, mais elle dévore des viandes qui ne sont pas cuites. Je suis au Jardin des plantes.

Elle ne redevient femme qu’en présence d’un saladier de fraises.

Petit gloussement de joie.