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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/182

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Toutes les fraises y passent, sauf deux, qu’elle m’octroie sur une feuille.

Elle verse le reste du cognac dans le saladier, en redemande.

— Vous voulez encore des fraises ?

— Non, du cognac. Il est beaucoup moins fort que celui de ma concierge. (Elle a une mine de vierge offensée.) tiens, goûte, il sent le muscat !

Je goûte, fais une grimace. Cela doit être de l’alcool à 96 degrés.

Elle réclame des chartreuses vertes pour étendre le goût du muscat.

Il faut lui rendre cette justice, c’est qu’elle est très calme et que son langage demeure aussi… châtié que de coutume.

Comme je ne bois pas ma chartreuse, elle me la vole en me disant :

— Ça te ferait mal.

Ça m’humilie et m’intéresse prodigieusement. Qu’est-ce qu’elle va devenir quand elle sera grise, car elle va se griser, c’est clair.

Je lui prends le pied sous la table.

Elle me regarde fixement, met la main sur son couteau.

— Finis, toi, ou je me fâche.