Aller au contenu

Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pelle pas lui avoir vu faire un pas humain. Elle avance ou elle recule, dirigée par le pouce de la providence ou de la fatalité, mais elle ne lève pas les jambes… Non ! elle n’a jamais levé les jambes.

Je lui fais une visite solennelle, chaque fois que le retour du premier janvier attendrit les foules. On échange des nouvelles de ses santés respectives, deux phrases aigres-douces sur l’immoralité des temps ou la bêtise de nos édiles qui dépavent les rues. On s’embrasse sur le front en prenant des précautions pour ne pas être contaminé, elle, par l’amour du vice, moi, par la haine de ce même produit de toutes nos civilisations, et on constate, périodiquement, que l’abîme se creuse de plus en plus, jusqu’à devenir insondable, selon son expression superfétatoire. Ma mère habite un hôtel assez coquet près de Passy. Elle y reçoit des gens très vagues qui ont, côté des dames, des panaches de corbillard, et, côté des hommes, des cannes à pommes de rampe. J’ai remarqué que, dans ces familles reçues chez elle membres à membres estimables et soigneusement épluchés, les enfants, garçons ou