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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/195

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Nous passions des heures les genoux sur des planchers froids, sans collation, et au dessert du dîner, le soir, nous avions tous des crises de larmes ; nous nous embrassions entre parents et domestiques, parce que la moindre liqueur nous incendiait le cerveau, naturellement.

De la rigidité de ma mère, une sainte de bois, aux fantaisies espagnoles de ma tante, une sainte de carton, j’errais en des alternatives cruelles pour mes instincts de jeune mâle. Ma mère ne m’embrassait jamais, désirant ne pas développer ces mêmes instincts, et ma tante, après les gifles, me caressait vraiment trop.

Vers douze ans, l’internat me permit de fumer de vraies cigarettes en des coins moins parfumés que le cabinet de toilette de Mme Chasel, mais où je respirais plus… virilement, et je commençais à rendre les gifles à tous mes camarades.

Seulement, il y avait les vacances.

Oh ! les vacances.

Une petite propriété, en Poitou ; un parc, des arbres, des prairies, et des vaches rousses dont la vue me rendait fou de malice.