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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/196

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Je transformais le parc et la prairie en domaine de Gustave Aymard ; les vaches rousses étaient les indiens. Il y en avait une, la plus grosse, qui avait fini par savoir son rôle : dès qu’elle m’apercevait, elle imitait le cri de Bas-de-Cuir et saccageait des buissons.

Dans la maison, je demeurais plus calme. Je me contentais de déchirer les rideaux du salon ponceau pour me faire une étole et parodier la messe.

Ma tante grondait, pleurait, riait, me tirait les oreilles, tirait ses jarretières, me comblait de caresses ou de friandises.

Elle m’était nécessaire comme le fouet est utile à la toupie qui est en train de tourner mal.

Cette veuve, encore jeune, très surexcitée par les pratiques religieuses, un des meilleurs aphrodisiaques connus, me prenait souvent sur ses genoux et me racontait ses tourments :

— Loulou, est-ce que tu m’aimes ?

— Oui, ma tante !

(Baisers, caresses, et lissage de mon col marin sur mes épaules.)

— C’est que je n’ai que toi, pour me con-