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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/234

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bêteront… ou qui en recevra, cela me paraît plus certain. Reine, ma petite Cléopâtre bien aimée, tu essayeras sur moi les poisons tout à ton aise et tu dormiras la nuit. Ce que cela sera doux ! Nous aurons l’aplomb de nous fiche du monde qui se fichera de nous. L’idylle la plus monstrueuse que jamais démon ait pu rêver dans le cerveau d’un homme. Nous serons si chastes étant tellement corrompus déjà, que nous finirons par mourir un jour de nos fièvres. Un joli programme ! Est-ce que cette perspective ne te réjouit pas ? Voyons, Heine, il y a, touchant mon logis, deux chambres à louer qui ont une sortie particulière, un escalier de service… Je veux que tu puisses courir la nuit et me ramener des hommes si tu l’oses, mais je te déclare que si je m’en aperçois, je tire dessus… Je veux qu’on soit libre chez moi.

Je sens que je deviens positivement enragé. Elle rit et hausse les épaules.

— Sois tranquille, mon petit homme, si je reste ici, ce sera pour dormir. J’en peux plus. (Et lasse elle s’appuie sur sa poitrine, ajoute d’une voix bâillante :) Du chiqué, tes histoires, ça finira mal, et ça fait tout de même