Aller au contenu

Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

… J’entends du bruit, un petit bruit de robe frôlante. Mon Dieu, c’est elle ! Et je me dresse du fond de mon lit, pauvre Lazare qui ressuscite ; j’écoute.

Non, plus rien.

Pourtant si… on écarte une draperie et voilà une lumière qui pâlit le plancher, sa lampe.

— Reine !

J’ouvre les bras. Elle entre de son pas souple, muet, elle a mis le costume de notre belle journée de campagne. Elle a dépouillé sa livrée d’esclave orientale, sa robe transparente lui permettant les poses cyniques et les phrases qui font frémir. Elle est en jeune femme d’occident, toute simple, toute enfantine, ses yeux sont plus doux et ses lèvres moins rouges.

Elle va me dire :

— En effet. Pourquoi n’épouserais-tu pas ta sœur, la reine, toi mon frère, le roi ? Il faut sauver la maudite en la gardant éternellement sur ton cœur.

Ce serait fou. Cependant, l’honneur est une beauté généralement déchue… comme elle.

— Reine ! Reine ! Il y a quelque chose ?