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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/92

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J’ai à peine effleuré du dos la panoplie que je redeviens très civilisé : je vais à lui, les mains tendues :

— Comment allez-vous, Noisey ? je suis heureux de vous voir. Non, je n’ai justement pas envie de travailler, pas mieux à faire que de causer avec un homme d’esprit.

Il me serre la main.

Nous ne sommes pas tragiques du tout.

Il s’assied, souriant dans sa barbe, une jolie barbe. C’est un garçon de trente-deux ans, grand, un peu fluet, des yeux très bons, des gestes un peu indécis d’homme qui ne comprend pas très bien tout ce qui lui arrive, mais la résignation de qui sait, cependant, en accepter les conséquences. Règle générale, il y a tout à craindre d’un personnage résigné quand il est en face d’un impulsif de ma trempe : c’est toujours l’impulsif qui a le dessous.

— J’avais besoin d’aller aux Beaux-Arts aujourd’hui, murmure-t-il, et je n’ai pas voulu passer si près sans venir vous voir. Vous savez que je suis un peu hibou, votre monde littéraire me fait l’effet d’un épou-