Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/194

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talmie. Pour eux, le ciel pleure aussi, ce matin là, ses larmes de sang !

Rohild, le front baissé, examine une déchirure de son vêtement de cuir encore gluant de la bave des poissons qui furent étouffés par ses robustes bras. Rohild a le regard noir, des yeux contenant le reflet des gouffres. Sa bouche fermée, et son masque immobile d’homme pauvre ayant besoin de vivre demeure indifférent à la beauté du jour. Il est bien plus grand qu’Hereld mais mince comme lui. Son bras nu s’enroule à son harpon, telle une branche de bois brun, noueux. Son bonnet de fourrure grise, hérissée, lui forme un nimbe de fer. Il ne regarde pas non plus son compagnon Hereld en train de sourire sournoisement aux rouges lueurs qu’il aime, à cette aurore de sang.

Tout à coup les deux pêcheurs ont le même mouvement d’attention. Devant la barque, posée au ras de l’eau, une tête se dresse, une curieuse tête ronde, lisse, dont