Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/215

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L’homme était désarmé. Son fusil et son carnier, rempli de gibier de tous les poils, avaient roulé hors de sa portée, heureusement, mais il guettait, l’œil lumineux, l’occasion de les reprendre. Mon père lui saisit les coudes, qu’il tordit en arrière, et le ficela comme il le lui avait promis. Le prisonnier ne broncha pas. Il paraissait vieillir de minute en minute, malgré sa robuste jeunesse et il souffrait, sans phrases de circonstances.

— Papa, murmurai-je à voix basse, afin qu’on n’en soupçonna point le tremblement d’horreur, je garderai cet homme pendant que tu iras chercher les gendarmes. Je me charge de le tenir en respect mais, je t’en prie, dépêche-toi.

— Je compte sur toi, mon petit, et tu donneras un tour de corde si ce brigand-là essaye de tirer au renard… Dis donc ? Comment t’appelles-tu ? questionna mon père, s’adressant au patient en allumant une cigarette.