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Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/32

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atmosphère d’orage nous privait de tous nos moyens. On demanda la broche à la servante qui ne put trouver qu’une lardoire mince comme tout. Et voici que le pharmacien de la place Justaucourt, s’amena, par les jardins, avec son pilon, parce que, bien sûr, tous les poisons de son officine n’y pouvaient rien faire, pour l’instant.

On entendit encore une mère, dominant le tumulte, nous traiter de lâches, vociférant qu’un garde-champêtre ne servait à rien qu’à embêter le monde. J’en vis trente-six chandelles et je me jetai sur les traces de la bête en prenant une pelle à ramasser le crottin… lorsque, de derrière une voiture de paille arrêtée au coin de la rue Tournemeule, qui est-ce qui s’élance ? la grande femme d’Amérique, celle qui montait en haute école pour parler son langage étranger et, qui, à notre vieille barbe, allait sauver notre petite école à nous.

Ah ! Monsieur ! je vivrais cent ans que je me rappellerais toujours ce tableau-là.