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Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/88

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Semblable à ses chevaux dont les brides étaient nouées serrées, le brave capitaine Noll dormait, debout.

Depuis combien de temps dormait-il ? Et de quelle fin de monde s’éveillait-il pour ce jugement dernier ? Lorsqu’on sort du néant on doit avoir cette irritabilité de l’ouïe ; l’enfant s’échappant de la mère ou le mort jaillissant de la tombe doivent ressentir cette souffrance aiguë du tympan durant qu’on les appelle. Avait-il dormi des minutes ou des siècles ? Il tendait l’oreille au bruit perçant avec le regard désorbité du mouton qui tend la gorge au couteau. La mitraille anglaise s’écroulait donc sur eux ? Une mitraille perfectionnée, musicale ?

Noll se retrouvait debout, à côté de son pliant, sans avoir aucunement changé de place. Son talon ne lui faisait plus aucun mal, toutes ses douleurs se concentraient dans ses oreilles, et il en aurait pleuré. Il écoutait, écoutait… s’emplissant de cette