Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/89

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horreur inanalysable, les poings crispés, les jarrets flageolants, de la salive plein la bouche.

L’obscurité, presque complète, murait l’arbre nu dans une colonne de pierres, la colline s’évanouissait dans les cendres, une montagne de cendres, et le feu ne formait plus qu’un petit caillot vermeil.

— Je suis mort. Ils sont morts. Je me promène dans un enfer, parce que, grâce à ma lâcheté, je les ai tous laissé massacrer !

À force de scruter la nuit infernale, le capitaine finit par apercevoir un fantôme, une espèce de linceul qui traînait.

— Voilà les morts qui passent !

Cependant, il se baissa, ramassa son fusil. Face aux fantômes, il épaula. Peut-être qu’une explosion de poudre romprait le sortilège. En épaulant il regardait mieux et la stupeur le paralysa. Ce qu’il voyait n’était pas possible, pas plus possible que ce qu’il entendait. Il voyait réellement une grande femme assise, une dame blanche