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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/101

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vaient dans les manches larges du peignoir, ses bras plus blancs sous la doublure de soie jaune. Ils étaient petits comme ceux d’un enfant, ni maigres ni potelés, seulement petits, éveillant une idée de gaminerie, et ses petites mains puissantes couraient, en personnes à part, portant des jupes garnies de dentelles, furetant autour des objets, créatures toujours en émoi. Les prunelles de Léon se dilataient peu à peu à suivre la danse de ses mains légères, si peureuses, perpétuellement fuyantes, et l’ironie sanglante de sa bouche finissait par se fondre en un réel sourire d’espoir.

— Éliante, regardez-moi, au lieu de déboucher ce flacon ? Non, vos poisons ne m’enivreront plus ; j’ai bien réfléchi cette nuit. Il faut que vous m’apparteniez d’abord… nous causerons après. Voilà mes conditions. Le reste, je m’en moque !

Elle lui versa du vin ambré dans son verre et choisit de l’eau pour elle-même.

— Ne me faites pas de mai inutilement, dit-elle, retirant sa main des siennes. Nous ne sommes pas ici en voiture ! Oui, je vous regarde, oui, vous êtes un fort joli garçon, de masque sérieux, de traits purs, difficile à faire grimacer, aux yeux qui se voilent comme s’ils allaient pleurer, et vous ne pleurez jamais, n’est-ce pas,